
91% des français sont disposés à travailler sous l’autorité d’un patron issu de l’immigration
A l’occasion de la remise des 9ème Prix de la Réussite, l’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) a souhaité recueillir l’opinion des français sur l’insertion dans l’emploi des personnes issues de l’immigration. Les résultats encourageants mais contrastés montrent une réelle ouverture d’esprit. On peut y voir les premiers signes d’une évolution significative des mentalités françaises. Néanmoins, des progrès restent à accomplir.
L’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) qui compte parmi ses stagiaires, une part non négligeable de personnes issues de l’immigration et 11 255 personnes de nationalité étrangère, soit 7,4 % du total des stagiaires de l’Afpa (données 2005) est extrêmement attentive aux questions liées à la discrimination face à l’emploi qui sont autant de freins dans sa mission d’insertion.
C’est pourquoi, elle a souhaité interroger les français à ce sujet et en particulier sur la question nouvelle des personnes issues de l’immigration qui créent leur entreprise. Elle se trouve confortée par les résultats de cette étude dans sa mission d’accompagnement, notamment pour la création et la reprise d’entreprise. Au total en 2005, 3 700 (toutes origines confondues) ont crée une entreprise après être passées par les rangs de l’Afpa.
Selon l’étude menée par Ipsos pour l’Afpa, 93% des Français déclarent « pouvoir personnellement travailler dans une entreprise dirigée par une personne issue de l’immigration ». Une démonstration éclatante de l’évolution des mentalités, en avance sur l’opinion qu’ils se font de la situation du marché du travail en France. D’autant plus remarquable qu’elle se vérifie quel que soit l’âge, la profession… et même la proximité politique.
Pourtant, 7% des Français disent avoir fait l’objet, dans leur carrière professionnelle, d’une discrimination en raison de leurs origines. Ramené à la proportion de ces personnes dans la population, ce résultat témoigne de l’étendue du chemin qui reste à parcourir. D’ailleurs, 77% des personnes interrogées considèrent qu’être issu de l’immigration constitue un handicap pour rechercher un emploi.
Dans ce contexte, une question mérite d’être explorée : le fait d’être issu de l’immigration constitue-t-il un handicap également comme entrepreneur ? Les réponses sont contrastées bien qu’encourageantes. Ainsi si 60% des français considèrent que ce n’est pas un handicap pour diriger une entreprise (et 56% pour encadrer des salariés) pour près de la moitié de la population (49%), être issu de l’immigration constitue bien un handicap pour créer une entreprise.
Les sociétés créées par des personnes issues de l’immigration sont-elles des entreprises comme les autres ? De toute évidence, oui, pour 63% des personnes interrogées, et elles sont même des entreprises plus ouvertes que d’autres auprès de 11%. Un résultat dont la proportion augmente significativement auprès des jeunes âgés de 18 à 24 ans (73%), des cadres supérieurs (78%) et des personnes les plus diplômées (73%). Les difficultés sont pourtant bien sensibles pour près d’un quart de la population (24%), chiffre encore supérieur chez les personnes ayant fait l’objet d’une discrimination en raison de leur origine (34%).
L’évolution des mentalités, semble cependant en marche. La manière dont les Français voient leurs concitoyens est une chose, savoir ce qu’ils ressentent eux-mêmes en est une autre, et l’on mesure ici le chemin parcouru. En effet, dans leur quasi-totalité (91%), les Français déclarent pouvoir travailler sous l’autorité directe d’une personne issue de l’immigration.
Cette étude Ipsos vient ainsi compléter les éléments statistiques menés par ailleurs sur la réalité de la discrimination à l’embauche pour les emplois salariés qui démontrent le caractère handicapant de l’origine. Ainsi l’enquête testing au CV du baromètre national sur la discrimination à l’embauche publiée par ADIA en novembre 2006 démontre qu’un candidat non cadre, au patronyme maghrébin reçoit 3 fois moins de réponse après envoi de son CV et 6 fois moins de réponse s’il est cadre. De même, l’étude auprès des fonctions RH menée par la CEGOS en 2006 reconnait que les inégalités dues aux origines ethniques sont le facteur de discrimination le plus important en France.
Mais cette étude Ipsos pour l’Afpa révèle un aspect peu exploré des mentalités françaises autour non seulement de la recherche d’emploi, mais aussi de la capacité à diriger ou créer une entreprise. Sur ce point, deux conclusions s’imposent. Ayant déjà fait l’objet d’une discrimination dans le cadre de leur carrière professionnelle, les personnes issues de l’immigration ont besoin d’être confortées et accompagnées dans leur désir d’entreprendre. La seconde concerne tous les Français : lorsque l’on est salarié, la discrimination est un sujet dépassé, puisqu’ils semblent prêts à rejoindre une entreprise créée, dirigée par une personne issue de l’immigration, et même à travailler sous son autorité directe.
Etude quantitative réalisée par Ipsos pour l’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) par téléphone les 15 et 16 décembre 2006, auprès d’un échantillon national de 963 personnes représentatif de la population française âgées de 18 ans et plus.
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Résultats détaillés de l’étude sur demande
auprès du service de presse